Faillir être flingué

Dans ce « vrai faux » western, Guillaume Bailliart se joue des conventions théâtrales. Les codes de la représentation se perdent dans les frontières mouvantes d’un Far West imaginaire.

Imaginons que la conquête de l’Ouest soit une aventure utopique concrète. Toutes les références du « genre » (merci à Eddy Mitchell et sa Dernière séance) pourraient alors être déplacées, secouées, bousculées… C’est cette expérience théâtrale que nous proposent Guillaume Bailliart et son Groupe Fantômas.

En vivant une histoire qui se bâtit en direct devant une petite assemblée de spectateurs, les artistes nous invitent à construire avec eux un nouveau monde, petit à petit… Les spectacles du Groupe Fantômas trouvent une efficacité dans le rythme, dans le comique, dans l’énergie, et ne cherchent pas à faire autorité sur le spectateur (par la production d’images bluffantes ou de bandes-sons envoûtantes par exemple). Ils cherchent au contraire à lui donner des appuis, ménagent toujours une part de vide, une vraie place pour lui.

Faillir être flingué se trouve être le récit d’une communauté solidaire par nécessité, joyeuse, festive, travailleuse et non dogmatique. En adaptant pour la scène le texte de Céline Minard (prix du Livre Inter 2014), Guillaume Bailliart propose une sorte de récital avec des cascades, des poursuites à cheval d’arçons, des vraies bagarres, du vent violent, des épreuves physiques pour ceux qui jouent. Comme au cinéma, en quelque sorte !