La Beauté du geste

L’État intente un procès à une troupe de théâtre qui met en scène des CRS. Dans cette joyeuse mise en abyme surgissent des questions profondes sur l’obéissance et le pouvoir.

Comment parler du théâtre et de sa relation à la justice et à la politique ? Le pari de ce spectacle est de garder en haleine le public sur ce sujet complexe en convoquant sur scène des CRS, des avocats et des juges. Ici, tout est faux, mais tout résonne si justement avec notre actualité. Formidable réflexion sur le théâtre qui emprunte à tous les genres, La Beauté du geste s’offre même une incursion vers le cinéma avec un Godard aux sentences génialement fumeuses qui dynamitent le plateau.

Reprenons… La scène est au milieu. Elle divise le public en deux groupes. Les acteurs se préparent à entrer pour endosser différents rôles : des acteurs (ce qu’ils sont) qui sèment le trouble, des CRS (auxquels ils empruntent les gestes et les questionnements) qui doivent faire respecter l’ordre, et des magistrats (aux rôles changeants) pour une scène de tribunal rocambolesque et mémorable.

Les acteurs sont au coeur de cette fresque sociale et politique où l’on juge les artistes et leurs complices, les spectateurs. On rit beaucoup de leurs performances et du burlesque des situations. Mais, à la fin du spectacle, on se retrouve « seul à seul » face à nos interrogations. Entre éblouissement, stimulation, questionnement et dépossession.