Les Sea Girls au pouvoir

Prenant la place des hommes dans l’agora, les femmes réinventent joyeusement la politique de la cité. Entre music-hall et ambiance à la Jacques Demy, les Sea Girls revisitent la comédie d’Aristophane.

Il y a 2500 ans, Aristophane abordait des sujets toujours brûlants d’actualité : la subordination des femmes, bien sûr, mais aussi celle des esclaves, la mise en commun des biens pour un plus juste partage des richesses, les aberrations des politiques, les passe-droits et la résistance à une société fondée sur ces oppressions multiples. Les fantaisistes Sea Girls s’emparent de cette Assemblée des femmes pour en offrir une version inédite et musicale, réécrite par leurs soins. À l’heure où la parole des femmes se libère, tendant parfois à banaliser le récit des injustices, elles inventent des situations qui éclairent avec humour les paradoxes et les hypocrisies de notre siècle.

On a découvert les Sea Girls dans des revues musicales burlesques et désopilantes où le rire n’empêchait pas d’aborder de front des sujets sérieux. Elles invitent aujourd’hui Johanny Bert à les mettre en scène. Sa pluridisciplinarité (marionnette, opéra, concert en langue des signes avec Emmanuelle Laborit) permet en effet de dépasser la forme récital. Fred Pallem, créateur du Sacre du Tympan, réalise les arrangements et certaines compositions en collaboration avec Prunella Rivière pour les trois musiciens qui partagent le plateau avec les Sea Girls.