Some Hope for the Bastards

Frédérick Gravel forge une danse sauvage, gorgée de musique et d’énergie. Toujours plus rock et impertinent, il signe une réflexion joyeusement désabusée sur le « vivre ensemble ».

Avec ces « bâtards » dont le titre nous dit qu’il leur reste encore un peu d’espoir, Frédérick Gravel, figure de proue de la nouvelle danse canadienne, compose sa chorégraphie comme un concert de rock. Il confronte sur le plateau trois musiciens et neuf danseurs dans un déluge de lumière et de décibels. Après la fausse piste d’un extrait de la Passion selon Saint-Jean de Bach, le tableau presque idéal d’une humanité à la gestuelle ralentie et décomposée se disloque.

C’est une fête qui s’installe, mais une fête un peu sombre, à la David Lynch, à l’image de notre monde où la peur, le cynisme et l’impuissance gagnent du terrain. La musique se joue en direct : entre rock puissant et imperturbable beat électronique. Il y a des hommes et des femmes : certains dansent tout seuls, magnifiquement, d’autres se croisent à deux ou trois, fébrilement. Un mouvement commence puis se fige en une attitude presque grotesque. Sur le plateau se multiplient les histoires individuelles ou collectives quand une pulsation irrépressible vient régulièrement s’imposer aux danseurs dans une transe aliénante et répétitive. On bouge toujours, mais en vain...